Vénérable Vital Grandin, O.M.I.
Évêque missionnaire du Grand Nord
1829-1902
Mgr VITAL ORANDIN naquit en 1829 à St Pierre sur Orthe dans le diocèse de Lavai. Entré dans la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée en 1853, il fui ordonné prêtre I’année suivante et partit aussitôt pour les rudes Missions du Grand Nord. Nommé Coadjuteur de St Boniface à l’Age de 28 ans, il devint en 1871, premier évêque de St Alber.
Sa vie, toute de charité et d’humilité, se consuma au service des Indiens et des Eglises naissantes de l’ Ouest canadien. Il mourut en odeur de sainteté, le 3 juin 1902. Sa devise était « Ce qui est faible aux yeux du monde, voilà ce que Dieu a choisi ».
Sa cause de Béatification a été introduite A Rome le 24 février 1937 et il a été proclamé Vénérable par Paul VI en 1966.
PRIÈRE
pour neuvaine
Adorable Trinité qui avez orné l’âme de votre serviteur Vital Grandin, évêque missionnaires, de dons qui firent de lui te messager infatigable de I’ Evangile, daignez, nous vous en .supplions, exciter en nous les sentiments d’humilité, de confiance et de zèle dont il était animé, et, pour glorifier sa mémoire, nous accorder par son intercession la grâce spéque nous sollicitons de votre souveraine bienveillance. Ainsi-soit-it.
Pater, Ave, Gloria.
" J’avoue que je vie habituellement dans la condition matérielle où voulut rester le bienheureux Labre, et même dans une condition pire...
Mon diocèse, plus grand que la France, est situé dans la région du pôle nord. Nous avons sept ou huit mois de neiges et de glaces, un mois de boues et de marécages, la moitié du teste des poussières.
J’ai passé de nombreuses nuits dehors par 45° de froid. J’ai voyagé des mois entiers dans les neiges, sur les lacs gelés, perdant ma route quand ce terrible vent, fouettant la neige, nous enveloppe de ses âpres tourbillons. Je couche sur la terre nue, je ne mange pas de pain, je ne bois pas de vin. Je me nourris de poisson séché ou gelé, ordinairement arrosé de neige fondue, peu limpide. En voyage, nous vivons d’une poussière de viande sèche, roulée dans le suif ; je n’ai pu m’y habituer après quinze ans...
Lorsqu’il s’agit de passer la nuit sur un lit de glace, sous un édredon de neige, les rudes vêtements de cuir, les peaux de bêtes n’entretiennent pas la chaleur nécessaire pour dormir. On se met en tas sous les couvertures. J’ai un sauvage (1) à ma droite, un sauvage à ma gauche eti, parfois, il faut introduire aussi, dans ce lit, les chiens qui traînent les bagages...
Qui, toujours à la fin d’une course apostolique, j’ai des poux. En vérité, je ne crois pas que personne s’astreigne à nourrir des poux uniquement pour le plaisir ! Quant à moi, je m’en débarrasse le plus tôt que je peux. J’ose ajouter que mec sauvages eux-mêmes, quoique moins importunés, s’en sépareraient volontiers. Je rapporte donc des poux, et en quantité, et sans aucune satisfaction d’en avoir, croyez-le bien.
Néanmoins, dès qu’il faut repartir, je pare. Je me trouverais fou de ne pas repartir. Je me trouverais coupable de rester dans ma station... Ma station n’est pas un lieu de délices. Vu mes nombreux métiers, les visites que je reçois et le genre d’installation imposé par le climat e! notre misère, je n’y goûte point Ies parfaites délices de la propreté. Mais enfin je n’y ai point de poux...
Le missionnaire qui se met en route pour pénétrer dans cet enfer visible (du paganisme). pour en arracher ces pauvres créatures, pour dissoudre ces glaces d’éternelle infamie où ils sont liés tout vivants, l’homme qui va là porter le Christ et les dons du Christ, croyez-vous qu’il ne fasse pas une chose qui soit et qu’il connaisse bonne à quelque chose? Le croyez-vous bien tenté de compter ses pas et ses privations, et les gênes de toutes sortes ci la vermine enfin, à travers laquelle il doit passer et qui s’attache à lui? Il prend la vermine, comme le reste de son lourd attirail de voyage, puisqu’il n’arrivera qu’à cette condition...
Ma mission n’est pas poétique. La prose, une horrible prose, y abonde. Je n’ai pas le martyr à promettre, mais je promets les fatigues sans relâche, des neiges sans limites, des nuits prolongées, des marais, des fanges, enfin des poux...
(Déclarations de Mgr Grandin extrait de L’UNIVERS du 9 janvier 1868.)
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(1) Au siècle dernier le terme “sauvage” n’avait rien de péjoratif surtout dans la bouche d’un missionnaire.